Audit de la qualité de l’air intérieur après un incendie éteint et noyé à Villeneuve-lès-Maguelone (34750)

Un incendie domestique, laisse derrière lui des traces invisibles mais potentiellement dangereuses pour la santé humaine. À Villeneuve-lès-Maguelone, commune du département de l’Hérault, une maison a été récemment touchée par un feu domestique. Bien que l’incendie ait été « éteint et noyé » par les pompiers – c’est-à-dire qu’il a été non seulement stoppé, mais également que l’ensemble des matériaux combustibles ont été abondamment arrosés pour éviter toute reprise – la situation a nécessité une évaluation rigoureuse de la qualité de l’air intérieur.

Parce que les matériaux brûlés, partiellement calcinés ou simplement exposés à une chaleur intense peuvent libérer dans l’air une grande variété de polluants chimiques, particules fines, composés organiques volatils (COV) et autres substances toxiques persistantes. Même après extinction, des gaz toxiques continuent parfois à se dégager pendant des jours, voire des semaines.

L’objectif principal de l’audit était donc double :

• Évaluer les risques pour la santé des occupants, en particulier s’il s’agit d’enfants, de personnes âgées ou de sujets sensibles (asthmatiques, allergiques, etc.).
• Déterminer si le logement pouvait être réoccupé en toute sécurité ou si des travaux de décontamination, de ventilation ou de rénovation étaient nécessaires.

Pourquoi un audit est essentiel après un incendie

Même un incendie circonscrit à une seule pièce peut affecter l’ensemble du bâtiment. Les fumées et gaz peuvent se propager à travers les gaines de ventilation, les interstices muraux ou les planchers. Lors de la combustion, des matériaux courants comme les plastiques, les isolants, les colles, les peintures, les textiles synthétiques ou les revêtements de sol dégagent des composés extrêmement nocifs, tels que :

• Monoxyde de carbone (CO) : gaz incolore et inodore, potentiellement mortel à forte concentration.
• Formaldéhyde : irritant respiratoire reconnu, cancérogène probable.
• Benzène, toluène, xylène : hydrocarbures aromatiques cancérogènes.
• Dioxines et furanes : polluants organiques persistants, cancérogènes à long terme.
• Particules fines (PM2.5, PM10) : pénètrent profondément dans les poumons et peuvent affecter le système cardiovasculaire.

À cela s’ajoutent les moisissures susceptibles de se développer dans les semaines qui suivent un incendie « noyé », à cause de l’humidité résiduelle dans les cloisons, plafonds ou planchers.

Méthodologie de l’audit réalisé à Villeneuve-lès-Maguelone

Un premier diagnostic visuel a permis d’évaluer :

• L'étendue des dommages visibles.
• Les zones où la suie était présente.
• Les matériaux touchés par l'eau.
• La présence d'odeurs persistantes de fumée ou de moisi.

Mesures

Des mesures de l’air ont été effectués dans plusieurs pièces, y compris celles non directement touchées par les flammes. Les paramètres suivants ont été analysés :

• Teneur en COV :  
• Formaldéhyde :  
• Particules fines (PM2.5 et PM10)  
• Monoxyde de carbone :  
• Humidité des structures et cloisons : pour déceler la présence de moisissures .
• Humidité relative et température intérieure :  .

Les résultats ont mis en évidence :

• Une concentration élevée de formaldéhyde et de benzène, au-dessus des seuils recommandés par l’OMS.
• Une présence importante de PM2.5, notamment dans les textiles et isolants partiellement brûlés.
• Des traces de moisissures en développement derrière certains placards et cloisons gorgés d’eau.

Conséquences sur la santé des occupants

À court terme, l’exposition à ces polluants peut provoquer :

• Irritations des yeux, du nez et de la gorge.
• Toux, maux de tête, nausées.
• Exacerbation de l’asthme ou des allergies.

À moyen et long terme, si l’exposition persiste :

• Risques accrus de maladies respiratoires chroniques (bronchite, asthme).
• Troubles cardiovasculaires liés aux particules fines.
• Augmentation du risque de cancers (exposition prolongée au formaldéhyde, benzène).
• Déficiences immunitaires chez les enfants.

Dans le cas de la maison de Villeneuve-lès-Maguelone, l’audit a clairement démontré que le logement ne pouvait pas être réoccupé immédiatement sans travaux de décontamination.

Mesures correctives recommandées

Suite à l’audit, nous avons proposé plusieurs actions :

• Ventilation forcée pendant plusieurs jours avec filtration des COV.
• Démolition partielle de matériaux poreux (isolants, doublages muraux, faux plafonds).
• Nettoyage approfondi avec des produits spécifiques à base enzymatique.
• Traitement antifongique dans les zones humides.
• Remplacement de la VMC et contrôle de la circulation d’air post-travaux.

Conclusion

L’audit de la qualité de l’air intérieur après un incendie n’est pas un luxe, mais une nécessité sanitaire, notamment dans les régions comme l’Hérault où les conditions climatiques peuvent favoriser le développement de moisissures après un incendie « noyé ». À Villeneuve-lès-Maguelone, cet audit a permis non seulement d’identifier les risques invisibles laissés par l’incendie, mais aussi de prendre les décisions nécessaires pour protéger la santé des occupants.

Sans cette démarche, les habitants auraient pu réintégrer un logement apparemment propre mais en réalité toxique. Cela rappelle à quel point la pollution de l’air intérieur peut être insidieuse et dangereuse, surtout après des événements extrêmes comme un incendie.